Le Monde m’avait demandé une tribune sur l’agnotologie, en marge des journées de Blois et d’autres tables rondes portant sur ce thème. J’ai proposé une réflexion sur le terme, et sur les « faux amis » que sont la post-vérité et le complotisme. Dans mon esprit, il s’agissait surtout de distinguer ces notions. Le chapeau précise que « ce champ d’études comporte des risques, comme celui d’alimenter les théories du complot » (édition papier du DIMANCHE 8 – LUNDI 9 OCTOBRE 2017). De fait, c’est plutôt la confusion avec le complotisme qui m’inquiète, comme je le développe plus longuement dans un petit livre à paraître chez Quae plus tard à l’automne. Je pense qu’il est possible d’envisager rationnellement des explications par des ententes intéressées, et que ce n’est ni un scandale intellectuel ni une faute de raisonnement, et encore moins ce que l’on entend ordinairement par « complotisme ». Il y a en fait deux dangers symétriques: celui qui consiste à voir des intentions là où il n’y en a pas, celui qui consiste à ne pas les voir lorsqu’elles sont là. Cette voie étroite est déjà celle qui était suivie par Proctor, et autant je pense qu’il y a lieu de s’inquiéter de certaines formes de complotisme, en particulier lorsqu’elles ne sont qu’un masque pour la haine d’un groupe ou d’un collectif, autant refuser par hypothèse qu’il y ait, parfois, des conspirations, c’est-à-dire des actions explicitement coordonnés d’un groupe d’agents en vue d’une fin répréhensible à l’insu du plus grand nombre, me semble être un déni de l’Histoire à peu près aussi préoccupant. Continuer de lire « Ignorance, complots et post vérité »
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