
Dernière version avant épreuves de L’expert et les critères : Regards sur le droit Américain et sa philosophie des sciences implicite, in (coll.), Sciences et Société : les normes en question, Arles Actes sud, mars 2014.
En apparence, le droit et la science couvrent des domaines fort différents, ne serait-ce que par leurs finalités respectives : la science cherche la vérité, donne méthodiquement des explications naturelles de phénomènes naturels ; le droit cherche, entre autres, à réguler le comportement humain, il permet d’établir des responsabilités, il vise la justice. Très souvent, cette différence première se double de l’hypothèse d’un retard structurel du droit sur la science : la science ouvrirait des possibles, par ses applications techniques, par les nouveaux usages et les nouvelles pratiques qu’elle permet, et le droit viendrait ensuite pour réguler ces pratiques. La puissance indisciplinée, amorale et apolitique de la science, se verrait disciplinée, canalisée par le droit. Comme le dit Rafael Encinas de Munagorri, avant de critiquer cette image : « Il y aurait, pour reprendre l’analogie avec le décalage horaire, le jet lag, une sorte de décalage juridique, le law lag. Le soleil serait déjà levé du côté de la science ; le droit, encore dans la nuit, peinerait toujours à rattraper son retard. » Cette distinction est discutable, ne serait-ce que parce que dans de nombreux cas, le droit contribue à la production d’une vérité, et que la science, la technologie et la société sont inextricablement liées, mais elle l’est pour une raison beaucoup plus factuelle : ces deux systèmes de normes, ainsi que leurs temporalités respectives, se télescopent très concrètement dans le cas de l’expertise scientifique, qui relève des deux régimes. Continuer de lire « L’expert scientifique et les critères : Regards sur le droit Américain et sa philosophie des sciences implicite »
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