Yannick Barthe est chargé de recherche au CNRS depuis octobre 2001 et membre de l’Institut Marcel Mauss (EHESS-CNRS)
« Quand l’incertitude vient du passé: la présomption de causalité »
Ses travaux portent sur les controverses socio-techniques et les politiques publiques relatives aux « risques collectifs ». Il s’est notamment intéressé au problème des déchets nucléaires et au traitement dont celui-ci a fait l’objet de la part des autorités publiques. Dans Le pouvoir d’indécision. La mise en politique des déchets nucléaires (Paris, Economica, 2006), il retrace ainsi la longue carrière de ce problème et décrit les modalités de sa prise en charge au cours de la période récente, en plaçant au cœur de son analyse la question de l’irréversibilité et de la réversibilisation des choix techniques.
Dans le prolongement de cette étude de cas et d’une réflexion plus générale sur les procédures pouvant favoriser l’émergence d’une « démocratie technique » (avec Michel Callon et Pierre Lascoumes, Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Le Seuil, 2001), il a également mené des travaux sur l’évaluation parlementaire des choix scientifiques et techniques.
Ses recherches actuelles portent sur la controverse autour de l’impact sanitaire des essais nucléaires français, ainsi que sur le rôle des « profanes » dans l’identification des dangers sanitaires et environnementaux, en particulier dans les controverses autour du « syndrome du bâtiment malsain ».
Abstract de l’intervention:
La sociologie des risques s’est beaucoup intéressée aux situations d’incertitude liées à des dommages futurs. Mais il existe des situations où l’incertitude vient plutôt du passé, en particulier lorsqu’il s’agit d’établir un lien de causalité entre certaines pathologies et une exposition à un risque ayant eu lieu plusieurs dizaines d’années auparavant. À partir de l’exemple de la mobilisation des vétérans des essais nucléaires français, il s’agira de caractériser ces situations d’incertitude liées au passé. Il apparaît que l’un des enjeux des controverses engendrées par ce genre de situation est l’application d’un principe analogue au principe de précaution, mais tourné vers le passé : le principe de présomption.